"Un certain M. Piekielny"
de François-Henri Désérable
Ed Gallimard, collection Folio, 2017
Pour les fans de Romain Gary dont je fais partie…
On pourrait penser, à juste titre, qu’il s’agit d’une pochade : le livre relate la quête d’un certain M. Piekielny censé avoir habité en Lituanie dans le même immeuble à Vilnius (autrefois Wilno) que Roman Kacew qui a pris le nom de Romain Gary quand il est arrivé en France. Rappelons que Gary s’est trouvé encore une autre identité, celle d’Emile Ajar, pour pouvoir concourir à un deuxième prix Goncourt, « La vie devant soi »).
Et l’enquête n’aboutit à rien…Alors, pourquoi en faire un livre ?
Dans son livre « La promesse de l’aube », son premier prix Goncourt, Gary rapporte qu’il a fait la promesse à ce M. Piekielny, qui habitait le même immeuble que lui lorsqu’il était enfant, que chaque fois qu’il rencontrerait un grand personnage, il dirait : « Au N° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny… ». François-Henri Désérable est écrivain, ancien hockeyeur, et fait démarrer son enquête à Vilnius où il se rend précisément pour un match de hockey. Le livre de Désérable relate la recherche de ce Piekielny avec la première déception de ne pas retrouver l’adresse que cite Romain Gary.
Le livre détaille les efforts vains de l’auteur pour retrouver ce fameux M. Piekielny, son possible métier, sa famille, ses voisins, la communauté juive dans laquelle il devait vivre. Recherche frustrante pour l’auteur/enquêteur car elle n’aboutit à rien de concret concernant l’existence même de M. Piekielny. On en vient à douter qu’il ait jamais existé. Mais elle révèle à l’auteur la vie à l’époque dans ce quartier de Vilnius, les massacres des juifs lituaniens à Vilnius et les stigmates qu’elles ont laissées dans la ville. Au fur et à mesure de l’enquête, la personnalité complexe de Gary se manifeste, rendant plausible une invention pure et simple du personnage Piekielny.
Finalement, c’est à la toute fin du livre qu’est donnée la clé de l’énigme. Assistant à une représentation de la pièce « Le Révizor » de l’écrivain russe Nicolas Gogol, l’auteur entend de la bouche d’un personnage : « Au N° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny… », la phrase même qu’empruntera Gary bien des années plus tard dans « La promesse de l’aube ». Gary emprunteur indélicat des écrits d’autrui, plagiaire, affabulateur, manipulateur et …génial écrivain ! Le livre est aussi intéressant par la réflexion qu’il amène sur l’écrivain et son double ( on pense à Pierre Loti, à Boris Vian et d’autres encore).
A la toute fin du livre, qui est en fin de compte un hommage indirect à Romain Gary, l’auteur rapporte les propos de Gary sur la vérité. « La vérité est peut-être que je n’existe pas. Ce qui existe, ce qui commencera à exister peut-être un jour si j’ai beaucoup de chance, ce sont mes livres, quelques romans, une œuvre si j’ose employer ce mot. Tout le reste est de la littérature. »
Pierre Corvol
4 septembre 2023
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