A propos de BOTUL, « la vie sexuelle d’Emmanuel KANT »
Ed. Mille et une nuits Paris 2000.
Présentation par Frédéric Pagès, agrégé de philosophie.
J’ai fortement goûté ces causeries de Botul qui lèvent le voile sur une partie (même les deux !) inconnue de la vie du célèbre philosophe allemand. Ce fameux Botul, autre philosophe injustement méconnu dont la profondeur d’analyse a quand même été retrouvée, reconnue et publiée par un agrégé de philosophie contemporain, français de surcroît, Frédéric Pagès. Œuvre roborifiante, utile, voire nécessaire comme nous l’allons montrer tout à l’heure.
Botul est-il spécialiste de Kant ? Sans doute, mais avant tout aristotélicien. Car dans ses causeries il manie avec aisance le syllogisme et les Catégories dont on reconnaît l’inventeur. Botul exhibe bien des choses peu connues sur Kant. Qui se souvient de son « essai sur les maladies de la tête » ?
Et pourtant cet écrit figure bien dans quelques rares biographies. Publié en 1764 ? Exact ! Je reconnais sans difficulté la culture philosophique de cet auteur. D’autres réflexions sur la coagitation, l’acedia ou la vésanie me le prouvent. Il connaît le sens exact de ces termes parfois utilisés dès le Moyen-Age et plus tard.
Un des intérêts de cet opuscule c’est de mettre constamment son lecteur en éveil, dans la position de ne jamais trop savoir si ce que Botul décrit, explique, est pure vérité ou pure affabulation. Il l’oblige à se souvenir à rechercher un peu de réalité vraie. Et il y en a ! J’ai apprécié les syllogismes botuliens. A propos de la question centrale, par exemple. Kant a-t-il eu des rapports sexuels ? En général les rares historiens répondent « Non ». Alors Botul intervient. Il rappelle le premier principe de la morale kantienne : « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle » . On voit que la chasteté est indéfendable car universellement pratiquée, ce serait la fin de l’espèce. Or,il est impossible qu’un tel esprit aussi puissant se soit mis en contradiction avec un tel principe. Donc…Oui !.
Mais il faut faire attention à ne pas passer du syllogisme au sophisme ! Comme il affirme que « garder son sperme vivifie », on peut penser que celui qui pendant si longtemps, jour après jour, a rédigé cet énorme pavé : « La critique de la raison pure » gardait son sperme. Donc…. Ni femme, ni masturbation !
Pourtant une odeur de canular apparaît dès les premières pages. Qu’est-ce que c’est que cette ville du Paraguay « Nueva Königsberg » dont personne n’a jamais entendu parler ? -
Doucement Jeune Homme, il y a tant de choses dont vous ignorez l’existence et qui pourtant ont existé et/ou existent encore. - Soit ! Soit ! soit ! Mais qui est Botul, l’inconnu, l’ignoré ?
Son « génie »a été de rechercher la nature de la vraie sexualité de Kant avec si peu de preuves, si peu d’indices là où de toute évidence il n’y a jamais eu quelque chose à trouver. Il a quand même réussi à nous écrire un petit ouvrage on ne peut plus plaisant. Et il été de fait le premier chercheur. Gloire pour lui, donc, à tout jamais !
Son style est direct, narquois, parfois irrésistible de drôlerie, avec ses raccourcis fulgurants. Par exemple, page 72 « Le philosophe Kant est un client particulier . Il paie pour la Chose mais s’interdit d’y toucher ».
Ainsi l’habile homme qu’est Botul nous laisserait entrevoir des éventuelles contradictions kantiennes dans la vie de l’homme et dans ses écrits, toujours à propos de la sexualité. Mais il faut attendre la 7° causerie pour que le voile se déchire. Oui, Kant est un philosophe de grande pointure, qui nous distribue la semence philosophique de sa sexualité toute spirituelle.
Alors là, tout se comprend, tout s’explique. On sait désormais comment les philosophes se reproduisent. On apprend même que leur non - pénétration,et plus encore, leur retrait, a un nom, la « mélancolie ». Tout devient clair, vous dis-je.
Et je me dois de livrer la dernière phrase sublime de ce livre canular. Elle vaut son pesant de ce que vous voudrez : » On ne possède pas plus la Vérité qu’on ne possède une femme » Le savoir et oser le dire devient de la quintessence philosophique.
A la fin de la lecture de cet opuscule vivifiant, je me déclare ouvertement botulien (1) et je m’engage aussi publiquement à lire plus souvent « Le Canard Enchaîné »
Car il me faut d’emblée remercier Frédéric Pagès pour sa pénétrante introduction – même si ce pourrait sembler un pléonasme (2) – même si c’est un contresens philosophiquement kantien, puisque comme l’expliquent à la fois Botul et Pagès, (on vient de le rappeler !) les philosophes pour se reproduire ne pénètrent pas mais se retirent.
Toutefois, ce qui m’a fait jubiler ou hurler de rire (au choix), c’est d’apprendre que BLH, notre Bernard-Henri aurait cité Botul le plus sérieusement du monde, - comme un auteur de référence universellement reconnu - au profit de ses propres thèses ; . A la page 122 de son dernier bouquin, « De la guerre en philosophie » il s’en prendrait à Kant, « ce fou furieux de la pensée ». il y citerait les recherches sur Kant de JB Botul qui aurait définitivement démontré « dans une série de conférences aux néokantiens du Paraguay, que leur héros était un faux abstrait, un pur esprit de pure apparence ».
Ah ! BHL ! le grand, le beau,! enfin démasqué par Botul ! Démasqué surtout par Frédéric Pagès ( qui sans doute n’avait même jamais rêvé de cela).(3)
Bravo pour avoir percé cette baudruche, même sans l’avoir voulu. C’est encore plus fort.
A Mercredi prochain sur « Le Canard Enchaîné »(4)
René Trochet
- (1) Botulophile, certes. Botulien ? , sans objection. Il ne me reste qu’à devenir « botuliste », peut être sans tarder.
- (2) Pour ceux qui ne comprendraient pas tout de suite : une introduction peut être plate, insipide et pas du tout pénétrante, contrairement à une intromission.
- (3) A vérifier par chacun quand même ! Ce que je n’ai pas fait. D’où mon utilisation du conditionnel. Mais quand même, mes sources sont généralement fiables.
- (4) Frédéric Pagès (l’inventeur de Botul) rédige chaque semaine dans « Le Canard Enchaîné » la rubrique « le Journal de Carla ». Auparavant il y a eu le célèbre "Journal de Xavière"
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