"Nos ancêtres les Gaulois ...et autres fadaises"
de François Reynaert *
Un livre à manier avec précaution. Je n’avais pas lu plus de cent pages, la preuve, j’arrivais à la bataille de Bouvines, et j’ai dû quitter précipitamment mon fauteuil de lecture et courir vers la douche et m’y doucher. Pour m’y débarrasser de toutes ces fadaises collées sur mon corps comme des sangsues, par des professeurs qui avaient sans doute cru bien faire mais m’avaient raconté des bobards qu’ils avaient sans doute eux aussi reçus comme pain bénit.
Ce matin-là, sous ma douche, j’en ai extirpé quelques unes, mais, soyons francs et réalistes, il m’en restait encore pas mal, bien collées sur la peau.
Les bras m’en tombent, comme disait la Vénus de Milo ! (Elle est vieille celle-là, mais toujours d’actualité). Tout ou presque de ce que je connaissais de l’histoire de mon pays, de ma Patrie,,de mes origines, toutes mes certitudes volent en éclats…
Qu’ai-je retenu en gros ?
Mes ancêtres n’étaient pas des » gaulois ». Ce nom, c’est celui que les romains donnaient à leurs voisins celtes. Une dénomination coloniale, sans plus.
Notre Clovis, premier Roi de France, premier des barbares à se convertir au christianisme ! Non ! Encore faux. Il est « franc », certes, mais pas « français »., puisque la France n’existe pas encore. Il serait aujourd’hui, autant allemand que français. Et les autres rois autour de lui (Visigoths, Vandales, Ostrogoths) étaient déjà chrétiens. De quoi perdre la tête, comme aurait dit Louis XVI. Chrétiens, oui, mais ariens. Ariens ? Des hérétiques, des schismatiques et des excommuniés quand même !
Ah, 732. ! Charles Martel à Poitiers. Quelle envergure, cet homme ! Non, pas tant que ça. Il a seulement fait reculer les arabes sur « leurs possessions » du Languedoc. C’est tout. Lui, il veut mettre la main sur l’Aquitaine.
Et je laisse passer les siècles et leurs ignominies aussi. Et Charlemagne et les Croisades.
Juste un mot sur Jeanne d’Arc, notre vraie héroïne nationale ? J’ignorais qu’on ne l’avait redécouverte qu’au XIX° siècle. Et j’apprends, avec un peu de regret qu’elle n’a pas sauvé la France, vu que la France n’existait pas encore. Jeanne était liée aux Armagnacs. Ce sont de simples clans qui se battent entre eux pour s’accaparer le royaume.
Les Armagnacs, liés à la famille d’Orléans (tiens donc ! « la pucelle d’Orléans ») qui comme Jeanne d’Arc soutiennent Charles VII.
De l’autre côté, les Bourguignons, liés aux ducs de Bourgogne, alliés au roi d’Angleterre. Quand Jeanne est brûlée, les parisiens applaudissent. J’en tomberais presque dans les pommes comme Newton.
De même, la « Renaissance » n’est pas l’éveil après des siècles de sommeil appelés « Moyen Age ». Il fut au contraire un merveilleux âge d’or, comme nous le montrent aujourd’hui des historiens tels Georges Duby et Jacques Le Goff.
Et je passe les siècles. Et je m’étonne et je découvre que le Grand Siècle de Louis XIV a été grand, incontestablement, mais avec ses zones d’ombre comme « le Code Noir » » sur l’esclavage et sa justification par Bossuet lui-même.
Sur la traite des noirs, François Reynaert a raison de dire qu’il ne faut pas entrer dans la dichotomie stupide du noir victime et du blanc salaud. Bien des blancs luttèrent contre l’horreur servile. Et l’immense majorité des victimes de la traite furent vendues par d’autres Noirs, roitelets et marchands installés sur la côte. Il fallait le dire même si cela ne justifie pas cette pratique . Si les sociétés européennes ont pratiqué l’esclavage, elles furent les premières à l’abolir. Alors que, si d’autres ont dû y mettre un terme, ce fut sous la pression de l’Occident.
F. Reynaert sait aussi s’attarder sur ce que tant d’autres ont passé presque sous silence. Il prend le temps de nous présenter deux esprits vraiment libres de ce XVII° siècle :
Pierre Bayle (1647 – 1706) auteur des « Pensées diverses sur la comète » et du fameux « Dictionnaire historique et critique », qui a osé écrire en 1682 « Il n’est pas plus étrange qu’un athée vive vertueusement qu’il n’est étrange qu’un chrétien se porte à toutes sortes de crimes « Reconnaître une morale aux sans-Dieu, c’était fort ! » écrit F. Reynaert. P. 300
Richard Simon (1638 – 1712), prêtre qui commence par défendre les juifs de Metz des fameux « crimes rituels » dont on les accuse et s’attaque ensuite à l’étude critique de la Bible. Bossuet fait interdire et « pilonner » son livre. R. Simon finira sa vie dans son prieuré normand.
Et j’en apprends de belles sur la Révolution de 1789, sur Robespierre que je veux mieux connaître désormais, sur la Terreur qui n’a duré que quelques mois.
Mais la Révolution Française, (contrairement à d’autres), rappelle-t-il, nous a quand même donné la démocratie , les droits de l’Homme et la liberté religieuse.
Je nuance mes jugements sur Napoléon qui a quand même plus ou moins préservé les acquis de la Révolution.
Avançons dans tout ça avec la prudence des serpents, comme nous l’enseigne la Bible et comme eux, gardons notre sang froid en toutes circonstances. En effet, il se montre plus nuancé et plus circonspect que jamais sur le véritable apport de Napoléon 1er. En plus, il donne des preuves.
Et il continue. Arrivent , l’Affaire Dreyfus, la Première et la Seconde Guerre Mondiale, les guerres d’Indochine et d’Algérie, la difficile construction de l’Europe, les défis de la mondialisation galopante…
Excellent livre qui se boit comme du petit lait : clair, amusant, Et même pas un air de Monsieur Je-sais-tout, comme on aurait pu le craindre. Et, ( je me permets cette fin de texte un peu osée), sans nous faire jamais le coup du « Père François « .. – C’est quoi ça ?
C’est le pressentiment d’une petite arnaque même très bien montée. Mais non !Rien que le travail honnête, consciencieux et très documenté d’un passionné d’histoire qui se nomme « François Reynaert » .
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