A propos de « Lettres à Anne » de François Mitterand
Quel livre ! Ah ! quel homme ! Ce livre, je ne l’ai pas lu comme un livre ordinaire, de la première à la dernière ligne, simplement interrompu par les exigences de la vie quotidienne . Non.
Ce livre ? Voilà trois ans qu’il est posé sur mon bureau. J’en lis quelques pages plusieurs fois par semaine . Et toujours, cette même exclamation : »Ah ! quel homme ! Comment a-t-il pu trouver le temps d’écrire d’aussi belles et brillantes pages ? Mon étonnement ne tarit pas, ni mon admiration pour cet Amant, qui montre de l’homme ce qu’il a, assurément, de plus grand : son amour.
Je parle, évidemment, des « Lettres à Anne 1962 – 1995 » de François Mitterand, paru chez Gallimard.
En 1962, un homme politique français, de 45 ans, déjà bien connu ,car il a déjà été plusieurs fois ministre , il est devenu sénateur et brigue le fauteuil de député de la Nièvre, rencontre une jeune fille de 19 ans. Elle est auvergnate, catholique et issue d’un milieu industriel plutôt conservateur. Elle étudie l’Histoire de l’Art. Cette demoiselle Anne Pingeot ne laisse pas François Mitterand indifférent.
Les premières lettres qu’il lui envoie restent de style très convenu, très comme-il-faut, avec de frêles allusions, qui, pourtant ne trompent pas une âme aussi éveillée que celle d ‘Anne. Dès le 23 Novembre 1963 il avoue que « seuls l’amour, les actes et l’exemple ont une force conquérante ». Il l’appelle une fois « Grande Duchesse » en souvenir du rôle qu’ Anne tenait dans la pièce « les Justes » d’Albert Camus.
Mais très vite, il dévoile sa passion dévorante pour elle : »Vous êtes pour moi, la vie, la mort, le sang, l’esprit, l’amitié, la paix, l’espoir, la joie , la peine . Cela cogne, fait mal ». Il sait, un peu plus tard, ne plus mâcher ses mots : »J’aime ton plaisir qui surgit du volcan de nos corps ». Il parle très peu, en revanche, de sa vie d’homme politique et des événements extérieurs, mais s’étend longuement sur leur intimité avec des mots simples , ceux de tous les jours, mais toujours si vrais, si ressentis. L’amour, oui, toujours, mais en réponse, Anne reste tiraillée entre cet amour et…son milieu. Arrivent quelques ruptures, voulues par Anne, à son corps défendant, cependant que les lettres de François, régulières, continuent de la gêner, mais aussi, bien sûr, de l’émerveiller.
Des retrouvailles ? Evidemment ! En Juillet 73, c’est elle qui lui écrit : » Que j’aime ces merveilles que tu n’écris que pour moi. Quel privilège immense ! »
Peu de temps plus tard, un heureux présage et le 18 Décembre 1974, naissance de « Mazarine Marie Mitterand Pingeot » (officiellement dénommée ainsi depuis 2016)
Ensuite et toujours, que de mots et de gestes d’amour ! Au milieu des tempêtes de sa vie : Présidence en 1981, Cancer, Nouvelle Présidence, Déclin de sa santé mais Amour Toujours.
Le 22 Septembre 1995, soit trois mois avant sa mort, il lui écrivait de Belle-Ile en mer : »Mon bonheur est de penser à toi et de t’aimer. Tu m’ as toujours apporté plus. Tu as été la chance de ma vie. Comment ne pas t’aimer davantage ? »
Ce sont les derniers mots de la dernière lettre du livre.
Anne Pingeot, la femme de l’ombre, du silence , se dévoile ici. Elle a dû effectuer un gigantesque travail d’édition en publiant ces lettres manuscrites, mais elle a aussi ajouté quelques lettres d’elle-même ou de sa famille. Elle nous a fait découvrir un François Mitterand inconnu, son François, infiniment amoureux, délicat et passionné, certes, mais aussi un écrivain jusqu’alors, inconnu.
Certes, on connaissait l’orateur brillant, on redoutait son sens de la répartie, son humour cinglant, son cynisme peut être, parfois, et tant d’autres « qualités » que tous les hommes politiques sont loin de posséder. Mais on ne connaissait pas la plume de cet homme .
Je salue pour ma part en plus de la qualité et de la constance de son amour, son immense culture et la chaleur de son écriture. Quoi de plus délicat que cette lettre de Janvier 1975, à la naissance de sa fille ?: » Mazarine chérie, j’écris pour la première fois ton nom, je suis intimidé… Anne est ta maman, tu verras qu’on ne pouvait pas choisir mieux, toi et moi . »
A lire ? A vous de décider !
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