Grand Est : sortie botanique
D’une rencontre botanique en 2021, autour d’un jardin de plantes médicinales d’un village de six cent quatre-vingt âmes, situé dans la Bas Rhin entre Saverne et Steinbourg, sur la commune D’HATTMATT est née, cette journée botanique du 4 avril 2023 , des adhérents ANR du Grand Est .
Saverne est à l’extrémité ouest du département du Bas Rhin, peuplée d’un peu plus de onze mille habitants, typiquement alsacienne, où le château des Rohan datant du XIII Siècle, surnommé autrefois le « Petit Versailles Alsacien »au centre-ville, le long du canal de la Marne au Rhin, domine la place centrale.
Steinbourg, avec ses deux mille habitants est connue par tous les passionnés de country et de Pow wow( rassemblement festif et culturel intertribaux , de passionnés, typique du Nord Amérindien), puisque chaque été ,en août ,s’y déroule le plus grand rassemblement d’amoureux de ces danses.
Hattmatt, commune rurale de près de sept cents habitants, est située au pied des collines sous -vosgiennes en limite du Parc Naturel des Vosges du Nord, elle a la chance d’avoir dans ses concitoyens, depuis quelque année, Jean Remy Schleifer, notre conférencier .
Diplômé de l’école Européenne d’herboristerie de Bruxelles, il est passionné depuis son plus jeune âge par la nature, en particulier par les plantes comestibles et médicinales.
A sa retraite, ce passionné a créé, et aménagé un jardin de plantes médicinales, le long de l’église, de son village, que nous venons découvrir, en cette matinée de printemps, après plusieurs journées de giboulées, prenant soin, d’écouter les informations et conseils de notre conférencier.
Mais avant, tout : Quelques explications sur l’origine de ce jardin
Dédié à Hildegarde de Bingen, (11-12 -ème siècle) (moniale, fondatrice, mystique, docteur de l’église) pionnière dans ce domaine, l’herbularius ou hortus medicus comme ce genre de jardin est appelé au Moyen Age présente une soixantaine de plantes médicinales.
Les plantes ayant des vertus médicinales sont regroupées dans un domaine de soin appelé Phytothérapie .
La phytothérapie, connait depuis quelques années certain engouement. L’opinion publique a toujours été favorable à ce mode de soin. Toutefois avec l’avènement des molécules de synthèse, la médecine traditionnelle s’est souvent détournée de la phytothérapie au bénéfice de l’allopathie.
Pour expliquer ce phénomène, deux raisons principales (source Dr Jean Valnet – Phytothérapie, traitement des maladies par les plantes) semblent pouvoir être avancées.
La première est que les drogues de synthèse, certes utiles et même indispensables dans certains cas, ont les défauts de leur qualité : à leur puissance fait écho trop souvent une agressivité suivie d’effets secondaires plus ou moins graves. D’autant qu’elles furent souvent proscrites à des doses excessives et pour des temps trop longs.
La seconde est qu’au fur et à mesure des années et des travaux, de nouvelles et nombreuses précisions sont données sur les constituants des végétaux. Leurs propriétés, connues empiriquement depuis des siècles, se trouvent de ce fait expliquées par l’analyse de leurs compositions chimiques.
Parmi les plantes, il y a celle que l’on mange, celles qui soignent, celles qui sont utiles au jardin, aux insectes, aux oiseaux, au sol… Et avec le printemps, celles qui viennent à la rescousse de nos émonctoires.
Notre corps possède 5 organes appelés émonctoires : le foie, les intestins, la peau, les poumons, et les reins. Les émonctoires permettent à l’organisme d’éliminer les toxines, déchets et secrétions surabondantes.
Au jardin des plantes médicinales, Jean Rémy Schleifer détaille les propriétés des plantes, leurs utilisations ainsi que les contre-indications et les interactions avec les médicaments de synthèse. Certaines sont encore, en sommeil, d’autres sont déjà bien apparentes. Leurs noms en latin, (dénomination binomiale qui permet une identification précise), leurs familles botaniques sont partagés avec notre auditoire, attentionné, qui pose des questions, prend des notes.
Nous partageons les histoires et légendes qui circulent à leur sujet et apprenons au cours des échanges à les utiliser en cuisine , en jardinage et bien sûr en phytothérapie .
En cette fin de matinée, le soleil est de retour, et les adhérents, heureusement bien couverts pour supporter le vent, rejoignent le restaurant « chez Nadine » à quelques pas de là. Chaleur et convivialité sont de mise pour partager ce sympathique repas.
L’après-midi nous prenons le chemin des prés pour cette fois découvrir les plantes printanières telles que :
- le pissenlit dont on fait des confitures de fleurs et qui soigne l’homme et le jardin ;
-le poireau sauvage au gout délicat avec lequel on prépare quiche, flan, soupe
- l’ortie, (les cueillir avec des gants ou pincer les jeunes extrémités des feuilles par le dessus le long de la tige entre le pouce et l’index afin d’éviter les poils urticants), sachant que dix feuilles correspondent à une barre de céréales. L’ortie nous apporte tous les éléments minéraux dont notre organisme a besoin . Les jeunes feuilles se préparent en soupe, mais sont également utilisées en traitement médical sous forme de tisane, décoction, teinture mère (extrait alcoolique de plante) ou en cataplasme selon l’affection dont on souffre. (Arthrose, rhumatisme , dépuratif, anti inflammatoire)
- La reine des près ne pointe pas encore tout à fait son nez.(Elle fleurira au mois de juin) Les fleurs se préparent sous forme de teinture mère (macération dans de l’alcool pendant au moins trois semaines.) ou sous forme de gélules. On les trouve en pharmacie, ou sur internet).La reine des prés est un excellent remède pour les migraines, mais aussi pour l’arthrite ou l’arthrose (propriétés anti- inflammatoires), en respectant la posologie car elle contient du salicylate de méthyle (une aspirine naturelle) qui peut provoquer des nausées à forte dose . En cuisine, elle s’utilise aussi dans les crèmes et sorbets.
- l’ail des ours, à ne pas confondre avec le colchique ou le muguet ;
- le houblon, et ses vertus digestives ou calmante, est très utile pour accélérer la venue du cycle menstruel des femmes ;
- Le bouillon blanc qui sous forme de sirop soigne la toux.
- Le frêne, excellent anti-inflammatoire.
- Le sureau, arbre magique chez les celtes, dont notre conférencier connait tous les secrets , culinaires, et phytothérapiques.
Mais encore bien d’autres, la liste est trop longue pour une personne non initiée aux plantes. Arrêterons nous quelques peu sur
- l’égopode et ses vertus :
L’Egopode Aegopodium podagraria , famille des Apiacées (Anciennement ombellifères)
dont le nom vernaculaire (populaire) est l’herbe aux goutteux.
Le nom scientifique Aeogopodium est formé du grec aïgos « chèvre » et podos « pied »
L’épithète « podagraria » évoque la podagre, nom donné jadis à la goutte, que l’égopode soulage.
Ses feuilles sont riches en vitamines et en minéraux, elle a des propriétés anti-inflammatoires, diurétiques. Cette belle plante vivace aux feuilles caractéristiques, longuement pétiolées et composées de trois folioles, elles-mêmes divisées en deux ou trois folioles ovales, dentées et aigues au sommet. Sa longue tige est robuste et cannelée (section triangulaire), et ses fleurs groupées en délicates ombelles blanches, entraînent parfois une confusion avec l’angélique des bois, excellente comestible ;
L’égopode pousse le long des cours d’eau, des lisières, légèrement humides, et s’associe souvent à l’ortie. Ses feuilles dont l’odeur ressemble à celle de la carotte et du cèleri, quand on les froisse ne prêtent guère à confusion.
Remarque, la ciguë et la petite ciguë, des apiacées dangereuses poussent plus tard et leur odeur désagréable (pipi de chat), n’a rien à voir avec la saveur délicate de l’égopode.
Toutefois il faut rester méfiant, car de nombreuses apiacées sont toxiques comme l’oenanthe safranée parfois responsable d’intoxications mortelles.
Au niveau culinaire, l’égopode est l’un des meilleurs légumes sauvages, les jeunes feuilles parfumées mélangées à de l’ortie ou d’autres comestibles, font d’excellentes salades. On prépare l’égopode à toutes les sauces, potages, gratins, quiches ou tout simplement en légume d’accompagnement, ou purée, elle se cuisine comme l’épinard ;
Utilisation médicinale : agissant contre la goutte, elle purifie l’organisme, en soulageant l’accumulation d’acide urique, connue depuis l’antiquité
Contre-indications. L’utilisation de la plante à des fins thérapeutiques n’est pas recommandée dans le cas de problèmes rénaux (calculs)- A éviter aussi en cas d’allergie aux apiacées (cèleri).
Pour les personnes à la peau sensible, un contact prolongé avec ses feuilles suivi d’une exposition à la lumière du soleil, peut provoquer des dermatites ou l’apparition de cloques sur la peau. (Photosensibilisation)
Ouvrages : Quelques lectures possibles
- Guide Delachaux des plantes par la couleur (ouvrage pour l’identification des plantes). Dr Thomas Schauer, Claus Caspari
- Docteur Jean Valnet : Phytothérapie, traitement des maladies par les plantes – livre de proche
- 300 plantes médicinales de France et d’ailleurs. Claudine Luu et Annie Fournier. Editions Terre Vivante
- Les plantes sauvages comestibles et toxiques, Guide Delachaux- François Couplan, Eva Styner
- Les émotions cachées des plantes de Didier Van Cauwelaert chez Plon
Prudence :
Les plantes médicinales contiennent des molécules chimiques susceptibles d’interférer avec les traitements allopathiques.
Informez toujours votre médecin traitant si vous prenez un traitement à base de plantes médicinales.
Renseignez-vous toujours sur les contre-indications et interactions des plantes que vous utilisez.
REMERCIEMENTS
Nos remerciements les plus sincères à notre conférencier et herboriste Jean Remy Schleifer, pour son attention à l’égard de notre demande, et temps consacré, avec sympathie à notre association
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